29 mars 1988, ASSASSINAT DE DULCIE SEPTEMBER PAR LES SERVICES SECRETS FRANÇAIS

29 mars 1988, ASSASSINAT DE DULCIE SEPTEMBER PAR LES SERVICES SECRETS FRANÇAIS  

Militante anti-apartheid et communiste, Dulcie September s’est distinguée par son combat contre l’apartheid en s’engageant dans divers syndicats de lutte. En 1957, elle rejoint le mouvement de l’unité non-européenne, un groupe politique d’inspiration trotskiste opposé à la discrimination raciale. En 1960, elle devient membre de l’Union Démocratique du Peuple d’Afrique Australe. Après les massacres de Sharpeville en mars 1960, elle et d’autres militants anti-apartheid réalisent que la lutte contre le régime raciste ne peut être pacifique. En 1962, elle fonde le Yu Chi Chan Club avec huit camarades, s’inspirant du maoïsme. Ses revendications radicales et stratégiques la conduisent à être arrêtée en 1963 pour conspiration en vue de commettre des actes de sabotage et d’incitation à des actes de violence politique, avant d’être libérée en 1969. En 1973, elle quitte l’Afrique du Sud pour l’Angleterre, puis s’installe en France en 1984 en tant que représentante de l’ANC pour la France, la Suisse et le Luxembourg. Avant son arrivée en France, elle avait suivi une formation militaire en URSS dans un contexte de guerre froide tendu, où l’ANC cherchait à établir des liens internationaux pour lutter contre la colonisation raciste. Le 29 mars 1988, à Paris, rue des Petites Écuries, Dulcie September est abattue de cinq balles de calibre 22 devant les bureaux de l’ANC. Avant son assassinat, elle avait été agressée dans le métro et avait demandé une protection policière, refusée par le ministère de l’Intérieur.  Dulcie September a été assassinée en raison des informations sensibles qu’elle détenait impliquant l’État français. 

Cependant il faut se demander pourquoi Dulcie September a été assassinée?

En effet Elle avait en possession des informations très sensibles qui impliquait l'Etat Français. Paris devait exporter des systèmes informatiques très sophistiqués en Afrique du Sud dans le but d'identifier les bases de l'ANC. Dulcie September s'est renseignée auprès de deux hommes travaillant dans des entreprises militaires pour obtenir ces informations. D'autant plus que l'État français s'était impliqué dans l'exportation d'armes en Afrique du Sud. Dulcie September dérangeait non seulement le régime d'apartheid mais aussi les occidentaux.

De plus, la France avait des intérêts économiques et géostratégiques en Afrique du Sud, y compris dans le domaine du commerce maritime et des ressources naturelles.

En effet sur les votes de sanction contre le régime d'apartheid, la France officiellement s'abstenait. En réalité l'Afrique du Sud et la France étaient du même côté notamment dans la guerre du Biafra bien que cela ne soit pas officiel, d'autant plus que l'Afrique du Sud sous le régime d'apartheid relayait les interventions militaires françaises. Même sur le plan économique, il y avait plusieurs entreprises françaises implantées en Afrique du Sud. La France avait un intérêt particulier de collaborer avec le régime d’apartheid car avec la position géostratégique de l’Afrique du Sud, offrant Paris un accès aux routes maritimes et au commerce international. L'Afrique du Sud contrôle l'accès à plusieurs routes maritimes importantes, notamment le Cap de Bonne-Espérance. Ces voies maritimes sont essentielles pour le commerce international et le transport maritime entre l'océan Atlantique et l'océan Indien. Ses richesses intéressaient aussi la France, l'Afrique du Sud possède d'importantes ressources naturelles telles que l'or, les diamants, le platine, le charbon et d'autres minéraux. Cette richesse naturelle en fait un acteur clé dans l'économie mondiale, en particulier dans les secteurs miniers et énergétiques.

La France et le régime d'apartheid avaient plusieurs intérêts en commun notamment la vente des armes, hélicoptères, missiles, frégate etc..., tout ceci malgré les sanctions des Nations Unies contre l'Afrique du Sud. Mais ce trafic d'armes se faisait à travers le Comores qui avait des intérêts géopolitiques, d'autant plus que même le président communiste qui était là-bas Ali Soilih fut renversé par le mercenaire Bob Denard afin de rétablir Ahmed Abdallah, un pion de la Françafrique. Le Comores de par sa position, était utilisé par les sud-africains comme plaque tournante ou base logistique contre les régimes comme le Mozambique ou l’Angola. Un des assassins de Dulcie September avait rejoint Bob Denard qui dirigeait la garde présidentielle comorienne. Donc l'enjeu était énorme, les services secrets français avaient trouvé des raisons pour assassiner Dulcie. Sur les informations qu'elle détenait, il n'y avait pas seulement la vente d'armes. Dulcie September savait là où l'argent passait, elle avait aussi listé les entreprises françaises impliquées dans ce trafic illégal. Mais aussi plusieurs sources parlaient d’une collaboration entre la France et l’Afrique du Sud dans le nucléaire. Paris et Pretoria sont liés par une coopération nucléaire que matérialise la mise en service, en 1985, de la centrale de Koeberg, livrée clés en main, près du Cap, par un consortium français réunissant Framatome, Alsthom Atlantique et Spie Batignolles. En contrepartie, l’uranium de l’Afrique du Sud alimentait l’industrie nucléaire de la France. L’Afrique du Sud, de par sa position géostratégique, exportait du charbon  et était déchargée dans les ports français. Dulcie September avait la possession de ces multiples informations  malgré sa dangerosité.

MOHAMED LAMINE CISSE DIT LEMS